L’avenir d’Andorre: Réflexions sur l’Accord d’Association avec l’UE

Comme nous l’avons annoncé il y a quelques semaines, l’Observatoire de la Marque Andorre envisage de développer une série d’articles visant à explorer de manière critique et constructive les négociations pour un futur Accord d’Association d’Andorre avec l’UE et les différents domaines qu’il pourrait affecter. C’est probablement l’un des sujets qui, dans les années à venir, aura le plus d’impact sur notre pays, ses citoyens et ses entreprises, et qui pourrait déterminer l’évolution économique et sociale des prochaines décennies. C’est précisément pour cette raison, et parce qu’il aura une grande influence sur la projection internationale d’Andorre, que ce sujet mérite d’être analysé du point de vue de la « marque pays ».

La grande question est de savoir si Andorre et ses citoyens ont besoin de l’Accord d’Association en négociation avec l’UE depuis 2015 ou, au contraire, si nous n’en avons pas besoin et s’il ne nous apporte rien qui puisse nous aider à améliorer le positionnement stratégique actuel de notre pays. Pour ceux qui suivent les médias, vous avez sûrement remarqué qu’il y a des opinions pour tous les goûts, de ceux qui défendent avec conviction le futur accord, à ceux qui pensent qu’il faut négocier avec plus de prudence et sans précipitation, jusqu’à ceux qui rejettent catégoriquement l’accord et pensent que nous sommes déjà bien tels que nous sommes.

La première observation à ce sujet est que le processus a été très long, trop long, si long que nous sommes passés d’un large consensus politique et idéologique des partis politiques dominants et majoritaires au début et pendant les négociations, et nous parlons des législatures 2009-2011, 2011-2015, 2015-2019 ou même, avec quelques exceptions, 2019-2023, à l’émergence d’une série de partis politiques avec des idées clairement innovantes et disruptives, et surtout plus critiques envers les négociations avec l’UE. Ces partis ont d’ailleurs reçu le soutien d’une partie non négligeable des électeurs et ont suscité un débat qui, de par sa légitimité indiscutable, soulève suffisamment de doutes pour remettre en question si l’accord mentionné dans les conditions actuelles de négociation est suffisamment avantageux pour les intérêts de notre pays.

Peut-être sommes-nous à un moment crucial des négociations et la proximité de la signature éventuelle de l’accord affecte-t-elle les humeurs des uns et des autres alors qu’ils discutent des derniers détails ? Mais il est évident que certaines déclarations de représentants des principaux régulateurs européens ou même de la Commission européenne, généralement critiques et sans fondement, concernant les pratiques bancaires ou la faible fiscalité de notre pays, n’ont pas contribué à créer un climat favorable à l’accord. Cela alors que nous avons un Accord Monétaire en place et intégré à notre système financier depuis 2011 et un système fiscal approuvé par l’UE et l’OCDE.

Il est clair que pendant qu’une des parties négociatrices marque son territoire et montre ses griffes avec une certaine arrogance, la Principauté de Monaco, bien que très diplomatiquement, mais clairement et fermement, abandonne les négociations et laisse Andorre et San Marino seuls, arguant qu’une étude d’experts conseille de ne pas signer l’accord car, selon les prévisions, il y aurait un impact négatif sur l’économie de la Principauté dans les premières années, bien que cela aurait un impact positif sur la diversification économique du pays après cinq ou six ans. Il est clair que cela fait ressurgir les voix critiques qui pensent que si Monaco n’est pas convaincu, imaginez Andorre ! Il serait donc préférable d’arrêter les négociations et de marquer notre territoire face à l’Union européenne.

Que disent les négociateurs andorrans face à toutes ces circonstances et déclarations ? Qu’ils sont à un moment crucial des négociations et qu’il reste peu de sujets, bien que importants, à définir. Mais les avantages que le futur accord pourrait apporter à Andorre sont évidents. Par cohérence et engagement électoral, ils doivent aller jusqu’au bout des négociations et signer le meilleur accord possible pour notre pays, laissant la décision finale entre les mains des citoyens par référendum contraignant.

Et qu’en est-il de mon opinion ? Si l’accord a été négocié comme on nous l’a expliqué et respecte les spécificités d’Andorre, notamment en matière de sécurité et d’ordre public, et si la liberté de circulation des personnes est limitée par des quotas similaires à ceux actuels, et si nous conservons le contrôle des frontières et que notre souveraineté fiscale n’est pas remise en question, alors peut-être devrions-nous faire confiance à nos dirigeants négociateurs et leur permettre de terminer le travail qui, comme je l’ai dit, a commencé il y a de nombreuses années et qui a nécessité un déploiement important de ressources et d’efforts personnels, tous bien employés si l’accord répond finalement aux attentes.

Nous ne pouvons pas oublier d’où nous venons et la pression internationale qui nous a forcés à réagir en 2007, nous obligeant à entamer le processus de transformation le plus important de notre histoire, qui nous a permis de nous aligner sur l’UE et de mettre en œuvre toute une série de changements économiques et fiscaux qui nous ont justement permis de gagner le respect de la communauté internationale.

C’est précisément dans ce processus de changement et d’harmonisation que s’inscrit cette négociation avec l’UE. C’est une étape supplémentaire dans le processus de libéralisation des investissements étrangers à la recherche de la diversification économique tant désirée. Les opportunités qui s’ouvrent à Andorre avec un bon accord, pas n’importe quel accord, sont vraiment remarquables, tant pour les entreprises du pays que pour celles des autres États membres, voire même hors d’Europe, qui, par l’intermédiaire d’Andorre, cherchent à accéder au marché intérieur européen. Ainsi, nous pourrions enfin attirer des investissements étrangers de qualité, avec des entreprises à forte valeur ajoutée, et non pas des investissements spéculatifs, comme nous l’avons fait jusqu’à présent.

Donc, si l’accord a été bien négocié, s’il respecte nos spécificités, s’il nous permet de maintenir le contrôle des frontières et ne remet pas en question notre souveraineté fiscale, s’il nous permet d’accéder au marché intérieur européen dans des conditions avantageuses, s’il nous permet d’attirer des investissements étrangers de qualité et s’il nous permet de diversifier notre économie, alors, et seulement alors, nous devrions faire confiance à nos dirigeants et leur permettre de terminer le travail qui, comme je l’ai dit, a commencé il y a de nombreuses années et qui a nécessité un déploiement important de ressources et d’efforts personnels.

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