Je souhaiterais partir de la proposition de réflexion collective formulée par notre Chef de Gouvernement, ainsi que de la valeur que je souhaite lui attribuer depuis la perspective de l’autonomisation réelle du citoyen. Au-delà du rôle traditionnel du Gouvernement, des institutions publiques et des partis politiques du pays, je vois cette idée clairement représentée par ce que le Chef lui-même appelle la “société civile” : ce collectif hétérogène de citoyens qui, au minimum, ont le droit – et parfois même le devoir – de s’impliquer. Cela englobe une grande diversité d’institutions telles que les syndicats, les ordres professionnels, les associations d’entreprises, éducatives, culturelles ou sportives, les organisations non gouvernementales (ONG), entre autres. En d’autres termes, pratiquement tout le monde peut en faire partie ou, à tout le moins, s’y sentir représenté. La vraie difficulté réside dans la manière de coordonner, gérer et tirer des conclusions d’un collectif aussi large.
Aujourd’hui, nul ne doute que la société andorrane est profondément préoccupée par l’incertitude que génère la question du logement. Ce sujet nous bloque au point de nous empêcher de voir plus loin et de participer à une réflexion raisonnée sur notre avenir social et économique. C’est pourquoi, pour que la société civile puisse réellement s’impliquer dans cette “réflexion collective”, il est indispensable d’alléger le poids émotionnel lié à la problématique du logement et du pouvoir d’achat.
Ainsi, il convient que le travail de réflexion collective commence par un thème aussi mobilisateur qu’une planification stratégique pour résoudre la pénurie de logements et leurs prix élevés. Imaginons à quel point il serait utile de rapprocher les citoyens de la réalité du problème à travers des données et des chiffres. Cela permettrait de construire une opinion plus fondée, de dépasser les critiques gratuites et de contribuer à lutter contre le désenchantement politique actuel. En parallèle, cela nous mènerait à la recherche de solutions mieux argumentées et, surtout, à rechercher le consensus le plus large possible.
Dans la perspective de cette recherche de solutions, une initiative a récemment vu le jour, proposant que le Gouvernement investisse dans l’achat de petites maisons préfabriquées comme solution d’urgence, avec des propositions de localisation sur des terrains publics. Certains Comuns ont également vu dans les constructions modulaires une opportunité de créer des logements, notamment pour les travailleurs saisonniers. Bien que cette initiative reste incomplète et floue, elle suscite un certain espoir : celui que l’on commence enfin à comprendre ceux d’entre nous qui, depuis des années, préconisent une stratégie nationale fondée sur l’identification des besoins réels en matière de logement, présents et futurs, sur la détection de terrains publics dans toutes les paroisses, et sur la planification, la conception et la construction de logements préfabriqués. Ces solutions permettraient de gagner du temps et de l’argent, tout en offrant aux citoyens un foyer adapté à leur pouvoir d’achat.
Nous pourrions entrer dans les détails — comme nous l’avons déjà fait par le passé — pour expliquer qu’Andorre a une opportunité historique de montrer au monde sa capacité à résoudre, de manière durable et efficace, le problème du logement. Il s’agit de dépasser les stigmates liés au “logement social” pour offrir à nos citoyens de véritables “unités de vie” dignes, avec toutes les prestations et commodités nécessaires. Mais le plus important aujourd’hui est que mes désormais connues ZRS — Zones Résidentielles Stratégiques — puissent être mises sur la table d’un débat et d’une négociation rassemblant la représentation la plus transversale possible de la société civile, telle que décrite précédemment, et que ce processus aboutisse à une stratégie permettant de résoudre une fois pour toutes la question du logement.
Oui, moi aussi je peux imaginer une ZRS sur les anciens terrains publics d’Ordino où devait s’implanter Grifols. Mais la ZRS va bien au-delà, et c’est pour cela qu’il est urgent de lancer cette réflexion collective. C’est avec l’implication de la société civile que pourront émerger des solutions concrètes à un problème réel et, surtout, une planification stratégique nationale à 25 ans. C’est là toute la grandeur du dialogue proposé, et l’espoir qu’il ne s’agisse pas seulement d’un discours de fin d’année sans suite.